L’évaluation d’un retard de langage repose sur une approche multidimensionnelle : tests de langage, observations cliniques et analyses contextuelles. Ces méthodes permettent de distinguer un simple retard transitoire d’un trouble structurel comme la dysphasie.

C'est quoi un retard de langage ?

Un retard de langage se caractérise par un développement linguistique plus lent que la norme attendue pour l’âge. Il touche à la fois l’expression (vocabulaire limité, phrases incomplètes) et la compréhension (difficultés à suivre des consignes).

Contrairement au retard de parole, qui concerne spécifiquement l’articulation des sons, le retard de langage implique une altération globale de la communication.

Chez EDUMED, notre licence en orthophonie intègre des modules dédiés à ces distinctions, essentiels pour adapter les prises en charge.

Quels sont les signes précoces du retard de langage oral ?

Détecter un retard de langage dès les premières années est crucial pour agir rapidement. Voici 6 signes d’alerte à ne jamais ignorer, expliqués avec des exemples concrets et liés aux causes du retard de langage :

 

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Absence de babillage à 12 mois

Un enfant qui ne produit aucune syllabe répétitive (« ba-ba », « ma-ma ») ou ne réagit pas aux sons familiers (voix des parents, jouets musicaux) peut présenter un retard de parole précoce. Ce signe est souvent lié à des troubles auditifs ou à un déficit d’interaction sociale.

Vocabulaire restreint à 18 mois

Moins de 20 mots utilisés spontanément (ex. : « papa », « lait », « non ») et absence de combinaisons de deux mots (« veux doudou »). Ce déficit peut révéler une faible exposition langagière (cause environnementale) ou un trouble spécifique du langage (TSL) .
Exemple : Un enfant qui pointe systématiquement les objets sans les nommer doit alerter.

Difficultés de compréhension à 2 ans

Incapacité à suivre des consignes simples (« donne la balle », « assieds-toi ») ou confusion face à des questions basiques (« où est maman ? »). Ce symptôme est fréquent dans les retards de langage oral liés à une dysphasie réceptive ou à des problèmes neurologiques.

Absence de gestes communicatifs à 15 mois

L’enfant ne pointe pas du doigt pour demander un objet, ne fait pas de « coucou » ou « au revoir ». Ces gestes sont des précurseurs du langage : leur absence peut signaler un retard de langage, parfois associé à des troubles du spectre autistique ou à un déficit moteur.

Production de sons incohérents à 3 ans

Des phrases incompréhensibles pour les étrangers ou des substitutions systématiques de sons (« toto » pour « gâteau »). Ces erreurs peuvent cacher un trouble phonologique ou un retard de langage.

Causes principales du retard de langage oral chez les enfants

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Les causes du retard de langage sont multifactorielles :

•    Facteurs biologiques : Des recherches récentes soulignent que 50 à 70 % des retards de langage sont liés à des causes biologiques, nécessitant une intervention précoce. Cela peut être : 
•    Anomalies génétiques (antécédents familiaux de troubles du langage).
•    Problèmes auditifs (otites répétées affectant la perception des sons).
•    Facteurs environnementaux :
•    Manque de stimulation verbale (environnement peu interactif).
•    Exposition limitée à la lecture ou aux interactions sociales.
•    Bilinguisme mal accompagné : Si l’enfant n’est pas soutenu dans l’apprentissage simultané de deux langues, il peut mélanger les structures syntaxiques. C’est le cas des enfants élevés dans un foyer où les parents communiquent principalement par gestes et qui peuvent présenter un vocabulaire restreint à 3 ans.

Outils utilisés pour évaluer un retard de langage oral

Test de langage standardisé

Les orthophonistes utilisent des outils validés comme l’Épreuve Lilloise de Discrimination Phonologique (ELDP) ou le test BILO pour mesurer :

•    La compréhension des mots et des phrases.
•    La production lexicale et syntaxique.

Ces tests comparent les performances de l’enfant à des normes établies, identifiant ainsi des écarts significatifs.

Observation en milieu scolaire et familial

L’analyse du langage spontané en contexte réel est complémentaire. Par exemple, un enfant qui communique par gestes plutôt que par des mots à l’école révèle un retard de langage expressif. Pour ce faire, les orthophonistes collaborent souvent avec les enseignants pour recueillir ces données.

L'importance d'un diagnostic précis dans le retard de la parole

Un diagnostic précis est la clé pour éviter les pièges et maximiser les chances de progrès chez l’enfant. Selon l’INSERM, 40 % des retards de langage non pris en charge avant 4 ans évoluent en troubles persistants.

Voici pourquoi chaque détail compte :

•    Éviter les confusions : Confondre un retard de langage avec un trouble autistique ou un simple décalage peut retarder la prise en charge de plusieurs années. Exemple : la dysphasie réceptive (incompréhension des phrases complexes) est souvent confondue avec de la distraction.
•    Agir tôt, agir mieux : un diagnostic avant 6 ans réduit de 70 % les risques de troubles d’apprentissage (lecture, écriture). Les tests de langage comme le BILO ou l’ELDP révèlent des déficits invisibles à l’œil nu.

Exemples concrets :

•    Un enfant de 3 ans peut être jugé « timide », alors qu’en réalité, il présente une dyspraxie verbale.
•    Ou encore, un enfant de 3 ans parlant peu, avec des phrases télégraphiques ("moi veux lait"), a été diagnostiqué par son pédiatre comme retard de la parole. À 5 ans, des difficultés scolaires ont mené à un diagnostic de dysphasie expressive, avec des déficits persistants en production syntaxique et en narration. Dans ce cas, une intervention précoce aurait pu limiter les retards d’apprentissage.

Conclusion 
Évaluer un retard de langage requiert expertise et rigueur. En identifiant les signes précoces, utilisant des tests de langage adaptés et comprenant les causes du retard de langage, les orthophonistes jouent un rôle clé dans le développement de l’enfant.
Parce qu’un enfant qui retrouve le plaisir de communiquer, c’est une victoire partagée ; EDUMED vous propose des formations pratiques en orthophonie, intégrant les dernières avancées de la recherche.